
Pierre Laflamme ROMANS
Échos Littéraires
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L’invité du samedi : Pierre Laflamme
Pour son roman : La lumière et les cendres
J’ai beaucoup de respect pour notre invité, surtout au vu de cette magnifique carrière. Jugez-en plutôt, Pierre Laflamme Auteur Romancier a travaillé pendant plus de 35 ans, dans le marketing pour des maisons de distribution cinématographique (on citera United Artists, France Films), puis dans les relations internationales à Radio‑Canada et enfin à Télé‑Québec où il a supervisé les revenus autonomes. À sa retraite, il se consacre pleinement à l’écriture et aux voyages, notamment en Égypte.
Bibliographie
Le temps des dérangements - 2012
Le Sang des cailloux - 2015, (Prix du jury Fondcombe en 2017)
Les oubliés de Dieu - 2021
La lumière et les cendres - 2024.
Biographie
Pierre Laflamme est né le 8 février 1946 à Montréal, il a étudié le marketing au CÉGEP Édouard‑Montpetit à Longueuil, puis les communications à l’Université du Québec à Montréal, il a exercé pendant environ 35 ans dans le domaine du marketing de la distribution cinématographique. À la retraite, il dédie son temps à l’écriture, aux voyages (France, Egypte, Italie, Espagne, République Tchèque, Autriche, Mexique, Slovaquie, États-Unis, etc.) et à la lecture. Ses romans lui valent d’excellentes critiques. Le sang des cailloux, se méritant en France le prix spécial du jury Fondcombe 2007.
Résumé du roman
L’action se déroule au printemps 2013, en plein tumulte post-révolution égyptienne de 2011. Le peuple retourne sur la place Tahrir pour contester le pouvoir de Mohamed Morsi. Tandis que ce climat politique instable ravive les tensions régionales. L’histoire suit Fadilah et sa professeure Aïcha, liées par une amitié profonde depuis leurs études. L’intrigue les entraîne du Caire à Amman, en passant par Téhéran dans une course effrénée pour éviter une guerre déclenchée par des forces idéologiques et politiques opposées. Nous assistons à la montée des tensions culturelles et politiques : tension entre islamisme radical et aspirations modernes, exploration de fondamentalismes et de leur impact sur la vie des individus. Dans ce roman apparaissent de grands questionnements personnels, sur l’identité féminine, le choix de ne pas se marier dans un régime patriarcal, la quête de vérité sur soi-même à travers le contexte géopolitique. La lumière et les cendres est un thriller géopolitique et intime où le destin individuel de deux femmes se joue dans l’urgence d’un Moyen-Orient en pleine crise.
L’entrevue :
Échos littéraires : Pierre Laflamme bonjour et merci d’avoir accepté notre invitation. La Lumière et les Cendres est un roman très touchant et sensible. Comment naît une histoire comme celle-ci ? Est-ce d’abord un voyage, une image, un lieu, un personnage ?
Pierre Laflamme : Le roman La lumière et les cendres est la suite du roman le sang des cailloux. En 2007, ma conjointe et moi sommes partis en voyage en Egypte, nous avions tous les deux beaucoup d’attirance pour ce pays. C’était aussi à l’époque où Ben Laden et son gang faisaient les manchettes des quotidiens pour de mauvaises raisons. Nous sommes revenus enchantés de notre voyage qui nous a permis de découvrir une autre culture et, chaque fois que je regardais les informations, je me disais que tous les musulmans n’étaient pas des terroristes. Je me questionnais à savoir comment un garçon, puis un homme pouvaient être entraînés sur le chemin de la violence. Je ne suis pas quelqu’un de particulièrement croyant et pratiquant, mais j’ai toujours eu beaucoup de respect pour ceux qui croient en Dieu, Allah, etc. À condition de ne pas imposer ses croyances par les armes. J’ai donc entrepris des recherches pour comprendre le cheminement de ces « soi-disant » soldats de Dieu et j’en suis arrivé à penser qu’il y avait une histoire à raconter qui souvent n’avait rien à voir avec ce que les quotidiens ou les bulletins d’information nous racontaient pour faire du sensationnalisme. La plupart des journalistes étaient mal informés et racontaient n’importe quoi. Écrire un roman m’est apparu comme une façon de corriger le tir… pour ceux qui le liraient éventuellement. Pendant l’écriture, est survenu le soulèvement du peuple contre le gouvernement Moubarak, qui créait un contexte de roman incroyable. J’ai d’écrit des scènes avec des images en direct de la place Tahir sur le deuxième écran de mon ordinateur. La lumière et les cendres est donc la suite du Sang des cailloux, qui racontait l’histoire de Faysal. Elle s’est imposée avec le renversement du gouvernement Morsi. Avec La lumière et les cendres, j’ai pensé qu’il fallait raconter Fadilah, qui croit en un islam des lumières (on parle plus souvent des hommes que des femmes arabes.), ainsi que la suite et les conséquences de la révolution de 2011. Que devenait Fadilah alors qu’elle réalise que la brigade Salâh Ad-Dîn à laquelle avait adhéré Faysal menace de déclencher une guerre sur tout le Moyen-Orient ? À qui en parler, vers qui se retourner, si ce n’est son amie Aïcha ! Et qui est véritablement Aïcha ?
Échos littéraires : L’œuvre se distingue par ses incursions dans le symbolisme égyptien, qui est bien loin des clichés. Vous parlez beaucoup de la richesse de la culture islamique. C’est un sujet que vous connaissez très bien, comment vous est venu cet attrait pour l’islam ?
Pierre Laflamme : Comme je l’ai dit précédemment, je respecte les croyances des autres, mais connaissant très peu l’islam, j’ai effectué des recherches pour comprendre les rituels et je me suis aperçu qu’il y avait beaucoup de similitudes entre les chrétiens (catholique) et l’islam. J’ai donc tenté de faire ressortir ces similitudes pour démontrer que le judaïsme, l’islam et les chrétiens avaient beaucoup de lieux communs. Depuis l’adolescence, j’ai toujours été fasciné par la civilisation égyptienne et l’histoire des pharaons. Je ne pouvais écrire un roman sur l’Égypte sans le teinter de son riche et monumental passé culturel.
Échos littéraires : Au moment de partir à la retraite, vos camarades vous ont dit que vous alliez vous ennuyer. Non, vous avez alors répondu, car vous alliez écrire des romans. Comment se sont passés ces 18 ans, depuis votre retraite ? Est-ce que vous vous êtes ennuyé ?
Pierre Laflamme : Non pas vraiment, je n’ai pas le temps. J’ai toujours un projet en tête, voyage ou écriture. Dans les temps libres, je joue au golf ou fais des randonnées à vélo. L’hiver dernier, j’ai traduit en anglais les trois romans qui, en anglais portent les titres : THE BLOOD OF STONES - THE LIGHT AND THE ASHES et GOD’S FORGOTTEN ONE pour LES OUBLIÉS DE DIEU qui raconte l’odyssée de deux hommes et d’une femme qui fuient la dictature de l’Erythrée, pays de la corne d’Afrique pour atteindre l’Europe à travers le Sahara.
Échos littéraires : Le titre est très évocateur. Pourquoi avoir choisi La lumière et les cendres ? Qu’est-ce que ces deux images opposées représentent pour vous ?
Pierre Laflamme : Le titre émane d’un constat général qui fait dire à Fadilah au cours d’une discussion avec son amie Aïcha : « Les islamistes pensent jeter la lumière sur le monde, mais, en réalité, ils ne laissent que des cendres sur leur passage. » Ce qui est pratiquement toujours le cas, sous prétexte d’islamiser, ils provoquent des guerres et sèment le désarroi. Pensons à l’État islamique…
Échos littéraires : Vos romans sont très visuels, presque cinématographiques. Avez-vous déjà envisagé une adaptation à l’écran ? Surtout que vous êtes très familier avec ce secteur ?
Pierre Laflamme : Bien sûr, c’est le rêve de tous les écrivains, tous les lecteurs/lectrices me disent que ces romans feraient d’excellents films ou télé série. Il est déjà très difficile de trouver un éditeur pour un roman. Alors, imaginer trouver au Québec ou au Canada, un producteur ou réalisateur avec les budgets nécessaires… Cela dit, la semaine dernière, un agent d’une société qui représente des artistes et des écrivains à New York m’a offert de me représenter auprès des maisons de productions pour le cinéma et la télé, il voit dans LE SANG DES CAILLOUX un potentiel énorme… Attendons de voir comment les choses se développeront… Je vous en aviserai si vous le souhaitez le cas échéant.
Échos littéraires : Le roman explore des thèmes profonds, comme la mémoire, le deuil, la quête de vérité ou la résilience. Quel message espériez-vous transmettre à travers ce roman ?
Pierre Laflamme : En réalité, je n’écris pas pour transmettre un « message ». L’idée est plutôt que les humains cessent de se battre… Quelle utopie ! Or, très souvent, ils partagent les mêmes valeurs, sinon semblables, et nous cherchons tout le bonheur de nos proches. Personne ne possède LA vérité sur Dieu ou Allah.
Échos littéraires : À l’origine de la création des éditions : Pierre Laflamme Romans, votre constat sur le temps considérablement long que mettent les maisons d’édition à répondre aux envois de manuscrits. Pourquoi, à votre avis, c’est si long, et puis est-ce qu’un écueil comme celui-ci est de nature à freiner les jeunes auteurs qui veulent publier ?
Pierre Laflamme : Au dire des maisons d’édition, ils reçoivent trop de manuscrits et le public lit de moins en moins. Le lectorat est à 65 - 70 % féminins… Où sont les hommes ? Si vous n’êtes pas une personnalité publique de la télé, du cinéma ou de la politique, vous n’êtes pas considéré comme une valeur sûre par les éditeurs. De plus, le temps passé à lire les banalités véhiculées sur les réseaux sociaux a remplacé les livres. Naturellement, la difficulté de trouver un éditeur peut freiner les ardeurs de jeunes auteurs — auteures, mais la facilité de s’autoéditer, comble ce vide. Cependant, le travail important de l’éditeur consistant à analyser l’œuvre et à guider l’auteur est souvent escamoté… J’ai résolu ce problème en créant un comité de trois ou quatre personnes qualifiées pour lire, analyser l’œuvre et formuler des observations ou même des recommandations, ce dont j’ai toujours tenu compte. Il faut toutefois faire attention à ne pas choisir des amis complaisants…
Échos littéraires : Vous avez déjà dit qu’en écrivant, vous faites aussi élargir les connaissances de vos lecteurs et lectrices, pour vous, écrire un roman, c’est partir à l’aventure – est-ce possible de connaître votre prochaine aventure ?
Pierre Laflamme : Oui, je crois que cela rend le roman plus intéressant. Personnellement, quand je lis un auteur, je veux qu’il m’apprenne quelque chose, par exemple un fait historique, ou les mœurs d’une région du monde. Mes romans véhiculent un contenu social et d’actualité. Le premier roman, LE TEMPS DES DÉRANGEMENTS, revenait sur la déportation des Acadiens (une tentative de génocide) au moment de la conquête par les Anglais en 1755. Le diptyque « Le sang des cailloux », « La lumière et les cendres » aborde respectivement les thèmes suivants : les conséquences tragiques du terrorisme, la radicalisation idéologique, et « Les oubliés de Dieu », le drame de l’exode humain, ainsi que la traite d’êtres humains. Pour ce qui en est du prochain roman, comme toujours, je suis l’actualité… et les fauteurs de troubles que sont Poutine, Netanyahou et le blondinet au sud du Canada…Une suite de LA LUMIÈRE ET LES CENDRES n’est pas exclue.…
Échos littéraires : merci infiniment pour toutes ces lumières.
Pierre Laflamme : Merci à vous, j’espère avoir répondu à toutes vos questions.
Cordialement,
@tout le monde
